Manuela Marques: Portrait 1, 2009, 75 x 95 cm, C print, édition de 3+2 EA. |
Vernissage de l'exposition de Manuela Marques Aparté jeudi 17 mai à partir de 17 heures à La Traverse (Marseille)
« Le travail de Manuela Marques pose une question à
laquelle il ne répond pas, mais qui est la question même de la
photographie : que voit‐on quand on regarde ? Et ses photos ne nous
montrent rien d’autre que l’évidence de ce qu’on ne voit pas,
c’est‐à‐dire le vide qui est au cœur de l’image, l’absence dont elle
porte la trace. »
A lire Christiane Vollaire, on saisi mieux le titre choisi par Manuela Marques pour cette exposition.
Pour mieux le comprendre, et comme souvent, j’ai rouvert
mon dictionnaire : « Aparté : paroles dites par un acteur en principe
pour lui seul, mais afin que le spectateur les entende ». Alors
effectivement ses images nous parlent en aparté. Leur langage ne nous
parvient pas forcément à la première écoute, au premier regard, car tout
concourt à d’abord nous faire ressentir ce vide, cette absence dont
parle Christiane Vollaire. Ses cadrages souvent décalés, et dont les
figures principales ‐ qu’ils soient personnages, lieux, ou objets ‐ sont
présents comme pouvaient l’être les sujets de Gérard Gasiorowsky, dans
un état de défection de la personne ou des choses. Le dialogue qui
s’instaure alors entre le spectateur et les images fonctionne selon de
drôles d’échos qui résonnent de manières inattendues. Et ces échos, ces
retours sur soi, ne sont pas immédiats, mais décalés dans le temps, ou
dans l’espace. Ils nous reviennent parfois longtemps après, alors que
l’image aurait pu sinon nous décevoir. Et lorsque l’affinité s’instaure,
il a quelque chose de violent et de silencieux, quelque chose de tenace
et de léger, qui envahit celui qui se laisse séduire comme celui qui se
sent repoussé.
Dans tout le travail de Manuela Marques, c’est le temps
qui est à l’œuvre, un temps de « macération » lente et précise.
Macération du regard qui s’affine. Macération des images ‐dans des
archives, des boites ou des disques durs ‐ qui elles aussi prennent le
temps de « remonter à la surface du visible », pour être données au
regard des autres. Macération douce de l’œuvre qui se compose à son
propre rythme, que ce soient dans les déplacements qu’opèrent ses images
fixes, ou dans la fixité de ses images en mouvement.
Alors l’évidence et la justesse des cadrages, le choix
précis des formats et la présence mesurée de la lumière, nous permettent
une « communion » tacite avec ces images qui échappe au présent et au
spectaculaire.
Erick Gudimard
Exposition du 17 mai au 23 juin 2012
du mardi au samedi de 15h à 19h, sur rdv pour les groupes.
Visites guidées tous les samedis à 17h
Visites guidées tous les samedis à 17h
Exposition présentée dans le cadre du Printemps de l'Art Contemporain #4
Courtesy Galerie Anne Barrault, Paris
Courtesy Galerie Anne Barrault, Paris
Les Ateliers de l'Image / La Traverse
28-38 rue Henri Tasso (entre le Quai du Port et la Place de Lenche)
13002 Marseille
Métro Vieux-Port ou Joliette / T2 Sadi Carnot / Bus 49 ou 83
+33 (0)4 91 90 46 76
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