mercredi 16 mai 2012

Manuela Marques aux Ateliers de l'Image / La Traverse


Manuela Marques: Portrait 1, 2009, 75 x 95 cm, C print, édition de 3+2 EA.

Vernissage de l'exposition de Manuela Marques Aparté jeudi 17 mai à partir de 17 heures à La Traverse (Marseille)


« Le travail de Manuela Marques pose une question à laquelle il ne répond pas, mais qui est la question même de la photographie : que voit‐on quand on regarde ? Et ses photos ne nous montrent rien d’autre que l’évidence de ce qu’on ne voit pas, c’est‐à‐dire le vide qui est au cœur de l’image, l’absence dont elle porte la trace. »
A lire Christiane Vollaire, on saisi mieux le titre choisi par Manuela Marques pour cette exposition.
Pour mieux le comprendre, et comme souvent, j’ai rouvert mon dictionnaire : « Aparté : paroles dites par un acteur en principe pour lui seul, mais afin que le spectateur les entende ». Alors effectivement ses images nous parlent en aparté. Leur langage ne nous parvient pas forcément à la première écoute, au premier regard, car tout concourt à d’abord nous faire ressentir ce vide, cette absence dont parle Christiane Vollaire. Ses cadrages souvent décalés, et dont les figures principales ‐ qu’ils soient personnages, lieux, ou objets ‐ sont présents comme pouvaient l’être les sujets de Gérard Gasiorowsky, dans un état de défection de la personne ou des choses. Le dialogue qui s’instaure alors entre le spectateur et les images fonctionne selon de drôles d’échos qui résonnent de manières inattendues. Et ces échos, ces retours sur soi, ne sont pas immédiats, mais décalés dans le temps, ou dans l’espace. Ils nous reviennent parfois longtemps après, alors que l’image aurait pu sinon nous décevoir. Et lorsque l’affinité s’instaure, il a quelque chose de violent et de silencieux, quelque chose de tenace et de léger, qui envahit celui qui se laisse séduire comme celui qui se sent repoussé.
Dans tout le travail de Manuela Marques, c’est le temps qui est à l’œuvre, un temps de « macération » lente et précise. Macération du regard qui s’affine. Macération des images ‐dans des archives, des boites ou des disques durs ‐ qui elles aussi prennent le temps de « remonter à la surface du visible », pour être données au regard des autres. Macération douce de l’œuvre qui se compose à son propre rythme, que ce soient dans les déplacements qu’opèrent ses images fixes, ou dans la fixité de ses images en mouvement.
Alors l’évidence et la justesse des cadrages, le choix précis des formats et la présence mesurée de la lumière, nous permettent une « communion » tacite avec ces images qui échappe au présent et au spectaculaire.

Erick Gudimard


Exposition du 17 mai au 23 juin 2012
du mardi au samedi de 15h à 19h, sur rdv pour les groupes.
Visites guidées tous les samedis à 17h

Exposition présentée dans le cadre du Printemps de l'Art Contemporain #4
Courtesy Galerie Anne Barrault, Paris


Les Ateliers de l'Image / La Traverse
28-38 rue Henri Tasso (entre le Quai du Port et la Place de Lenche) 
13002 Marseille
Métro Vieux-Port ou Joliette / T2 Sadi Carnot / Bus 49 ou 83

+33 (0)4 91 90 46 76
www.ateliers-image.fr 
mediation@ateliers-image.fr