samedi 11 septembre 2010

Isabelle Le Minh à Toulouse

Hyères, France, 1932
De la série Trop tôt, trop tard (After Henri Cartier-Bresson)
Impression pigmentaire sur papier baryté


Vernissage de l'exposition Trop tôt, trop tard (After Henri Cartier-Bresson) samedi 11 septembre 2010 à 20h22 au Port Viguerie à Toulouse, dans le cadre du festival Manifesto.

Isabelle Le Minh est assistante spécialisée d'enseignement artistique et documentaliste à l'Erba de Rouen.


La série Trop tôt, trop tard (After Henri Cartier-Bresson) fait partie d’un ensem­ble d’œuvres nommé After Photography en réfé­rence aux pra­ti­ques post-moder­nes de la cita­tion, mais aussi au flo­ri­lège d’expo­si­tions et de publi­ca­tions récen­tes lais­sant jus­te­ment enten­dre que nous serions entrés dans l’ère d’un “après “ de la pho­to­gra­phie.

Cartier-Bresson a été un modèle pour beau­coup de ceux qui ont abordé la pho­to­gra­phie à la fin des années quatre-vingt et pour les­quels les figu­res impo­sées de l’ins­tant déci­sif, de la com­po­si­tion équilibrée et du liseré noir sur le tirage – preuve du non reca­drage – étaient les seuls garants d’une photo “réus­sie“. À l’heure où Photoshop four­nit à tout un chacun des outils per­met­tant de rat­tra­per n’importe quel type de ratage et de recom­po­ser les images à sa guise, il peut sem­bler rela­ti­ve­ment obso­lète d’abor­der la pho­to­gra­phie en adop­tant de tels pré­cep­tes. Comme pour en faire la preuve par l’absurde, j’ai gommé tout ce qui atteste d’un ins­tant déci­sif sur une sélec­tion d’images. J’ai également choisi un mode de pré­sen­ta­tion aussi fidèle que pos­si­ble à celui des pho­to­gra­phies ori­gi­na­les. Le titre est emprunté à un film de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet qui raconte des faits his­to­ri­ques liés à la Révolution, avec pour seules images de longs tra­vel­lings sur la route ou le pay­sage.
Instaurant un autre rap­port au temps, le résul­tat livre une lec­ture iné­dite de l’œuvre ; il met en évidence un choix de confi­gu­ra­tions topo­gra­phi­ques liées à des points de vue très par­ti­cu­liers et sou­li­gne en par­ti­cu­lier la géo­mé­trie des com­po­si­tions. On peut ter­gi­ver­ser sur le statut de ces images ; bien que jouant sur un regis­tre ico­no­claste, elles racontent pour­tant quel­que chose de l’uni­vers du grand maître et invi­tent à ima­gi­ner ses erran­ces à la recher­che de l’endroit idéal où se poster, à l’affût du moment pro­pice au déclen­che­ment… L’uni­vers de Cartier-Bresson ainsi recons­ti­tué dégage, me semble-t-il, un étrange sen­ti­ment de soli­tude.

Exposition du samedi 11 septembre au dimanche 3 octobre 2010
tous les jours de 14h à 20h (jusqu'à 22h les ven­dredi et samedi)


Festival Manifesto

Port Viguerie
31000 Toulouse
www.festival-manifesto.org