lundi 4 janvier 2010

Dominique de Beir et Lucile Encrevé dans Semaine





Semaine, revue hebdomadaire pour l'art contemporain, consacre un numéro à Dominique de Beir à l'occasion de son exposition Le noir est-il un chiffre? au Musée Géo-Charles à Échirolles. Lucile Encrevé participe à cette publication avec un texte intitulé "Dominique De Beir ou le retournement"

Il y a ce mot d’Henri Michaux dans Ecuador « je suis né troué » je ne
pense pas qu’il aurait fait le titre de l’exposition de Dominique De Beir
au musée Géo-Charles. Mais cette réflexion sur le vide, l’ouvert se conjugue de façon singulière avec l’activité perforatrice de l’artiste invitée au musée à éprouver le visiteur, à mettre en doute sa perception, provoquant sa présence et sa déambulation. Un acte artistique présenté comme un parcours du «voyant» où se crée une intimité nouvelle entre le visiteur
et l’exposition. Le noir est-il un chiffre ? Une drôle de formule alchimique ou mathématique qui révèle une posture dont la réponse se trouve mystérieusement
dans le parcours de cette exposition, exprimant parfois l’appartenance au domaine céleste comme Boîte de nuit. Une proposition qui n’a rien de l’emphase, du spectaculaire, plus une simplicité qui rassemble les principaux axes de son travail, de son geste, de la performance
physique d’installation qui peut prendre aussi celle d’un peintre face
à des préoccupations plastiques. Dominique De Beir aime pleinement
maîtriser l’élaboration, attachée à son activité incessante à questionner
le matériau plus spécialement le carton, la cagette et l’outil ; au centre de sa démarche artistique, dans leur économie, leur charge poétique, leur
conférant un nouvel usage. Percer des trous non pas dans le but d’une
détérioration, elle rejette toute théâtralité tel un entrepreneur qui constituerait son stock avant un chantier imaginaire. Des orifices qui nous contraignent à réfléchir sur ce geste irréversible, répété pour aller au delà de la surface plate et du plan. Des lacérations, des perforations frontales, des stries et griffures donnant aux oeuvres une étonnante profondeur, affirmant clairement cette sensation d’espace. De là naissent de véritables structures architecturales, lieux de rencontre et de ralliement qui
explorent les possibilités à percevoir dans le noir, l’obscurité.
 
Élizabeth Chambon, conservateur du musée Géo-Charles


Semaine 39.09; n°212 
Dominique de Beir  
Le noir est-il un chiffre? 
Musée Géo-Charles


Parution hebdomadaire vendredi 25 septembre 2009 / 4€
Parution Semaines volume I / janvier 2010 / 18€

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